Devant le tableau
<Œuvre majeure de la période « tardive » de Chagall, cette toile surprend par la modernité de sa composition et par l’utilisation puissante du noir. Un artiste à tête d’âne, à gauche, peint un tableau dont le personnage crucifié n’est autre que lui-même. Cet âne-peintre nous présente cette étrange crucifixion sur fond de village russe, tableau dans le tableau (posé sur un chevalet), qui crée un espace curieux, le village russe se répétant dans les arrière-plans clairs. Double autoportrait, Devant le tableau joue avec les codes iconographiques de l’autoportrait et de l’image du peintre au travail. La composition frontale met le spectateur face au tableau, écran noir se détachant d’un fond traité en grisaille, où les silhouettes des isbas de Vitebsk apparaissent en camaïeux. Le rectangle noir, accentuant l’intensité dramatique de la Crucifixion, participe à la construction d’un espace hors du temps, dans un traitement qui rappelle les œuvres d’artistes américains, tels Barnett Newman, que Chagall découvre à NewYork dans les années 1940.
Marc Chagall (1887-1985)
C’est en octobre 1947 qu’Aimé Maeght rencontre Marc Chagall pour la première fois, au vernissage de sa rétrospective au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris qu’avait organisée Jean Cassou comme pour susciter et fêter le retour du peintre après les années d’exil aux Etats-Unis.
« Ida Chagall m’emmena chez son père, et ce fut l’éblouissement dans l’atelier lorsque je découvris les gouaches peintes aux Etats-Unis et au Mexique, soixante feuilles superbes que j’eus la chance de pouvoir rapporter rue de Téhéran. Nous arrêtâmes ensemble le projet de la première exposition à la Galerie. Cette rencontre marque le début de notre étroite et confiante collaboration, et d’une amitié qui ne s’est jamais démentie. » expliqua Aimé Maeght. Cette exposition eue lieu en mars 1950. C’est cette année également que Chagall vint s’installer à Vence près de Saint-Paul.