La partie de campagne
Ce tableau est l’ultime version de trois variations sur ce thème cher au peintre qui vient célébrer ici une actualité sociale, l’institution des congés payés. Léger reprend également à son compte Le déjeuner sur l’herbe d’Edouard Manet qui avait fait scandale en 1863, notamment à cause du groupe central qui montrait une femme nue dans un paysage, à côté d’hommes vêtus. Il a abandonné ici la fragmentation de l’espace du cubisme analytique des années 1912 pour représenter, non sans dérision, une scène de loisirs en plein air où l’on devine que tout ne se passe pas comme prévu. A l’opposé du naturalisme, construit notamment grâce à la théorie de la « couleur libre », le paysage que vient clore à droite un arbre japonisant est représenté au moyen de signes, le soleil et l’air estival par de joyeux aplats colorés superposés en transparence sur les figures noires linéaires, et sans lien avec elles.
Fernand Léger (1881-1955)
C’est en mai 1949, avec l’exposition ≪ L’Art abstrait ≫ organisée à la Galerie Maeght à Paris par Andry-Farcy, conservateur du musée de Grenoble, et Michel Seuphor que démarre la collaboration de Fernand Léger et Aimé Maeght. Et c’est sur le conseil de Fernand Léger que Marguerite et Aimé Maeght, entreprennent un voyage aux Etats-Unis, à la suite de la mort de leur fils Bernard, pour surmonter leur peine. Après leurs visites des fondations américaines : Barnes, Philips, Guggenheim, ils décident de créer un lieu où rassembler leur collection et offrir à leurs amis les artistes un endroit où ils puissent travailler ensemble et échanger des idées.