Sans titre
Proches de l’écriture dans leur forme, les dessins d’Henri Michaux sont animés d’une frémissante précision et font de la page blanche l’espace vital d’une action éphémère. Les taches d’encre s’y déploient en virgules nerveuses, répétées sans qu’aucune notion de hiérarchie ou de composition réfléchie n’intervienne.
Henri Michaux (1899-1984)
Poète et peintre, Henri Michaux n’a eu de cesse de repousser les limites de l’écriture, cherchant entre autres par le dessin à “se déconditionner” de l’emprise du langage verbal. Ses recherches visant à s’émanciper de tout contrôle de la raison le conduisent à mener de nombreuses expériences sous l’effet d’hallucinogènes entre 1956 et la fin des années soixante. “Je voulais dessiner la conscience d’exister et l’écoulement du temps”, explique-t-il à propos de ses dessins réalisés sous l’emprise de la mescaline. Cette libération psychique donne lieu à des expériences artistiques que l’on pourrait qualifier de calligraphies automatiques, impliquant la participation totale de l’artiste, dont la main opère la transcription sismographique de ses sensations et de ses visions.